... Et inconsciente

En effet, chaque adolescent sait très bien qu’il tente toujours de se démarquer, que se soit par son comportement, par sa façon de marcher, de parler ou encore de s’habiller. Seulement, son inconscient va aussi essayer, à partir d’un certain âge, de provoquer un désir d’identification. Il existe différentes formes de l’identification : hystérique, mélancolique, fraternelle… C’est en fait un mécanisme de défense du Moi (totalité de la personne) mis sous pression par le Surmoi (intérêts extérieurs) et par la réalité. Le but ultime de ce mécanisme est de se protéger et d’éviter l’angoisse.

On pourrait comparer ce phénomène à un courant philosophique et littéraire, l’existentialisme. La base de ce courant, lui-même opposé aux grands systèmes philosophiques, est que chaque individu se construit par ses propres actions, et non par l’influence de doctrines théologiques, philosophiques ou morales : on considère donc chaque être humain comme unique, maitre de ses actes, de son destin et des valeurs qu’il décide d’adopter. L’existentialisme tire néanmoins un portrait très pessimiste des relations humaines ; en effet, l’idée est que la vie avec les autres prive chacun de ses libertés : l'homme désespéré par sa propre banalité essaye d'être supérieur aux autres et ainsi s'échapper de la société. On peut citer Malraux, qui pense que les Hommes essayent de donner un sens à leur existence en étant "plus qu'un homme dans un monde d'hommes" (cf : La Condition Humaine).

La plupart des philosophes depuis Platon soutenaient que le bien moral est le même pour tous. Le philosophe danois Kierkegaard, premier auteur à se qualifier d’existentialiste, réfute cette idée en affirmant que l’Homme ne peut trouver le sens de sa vie qu’en découvrant sa propre et unique vocation. Il écrit dans son journal au XIXe siècle : « Je dois trouver une vérité qui en soit une pour moi-même… une idée pour laquelle je puisse vivre ou mourir ».

Enfin, le roman Antéchrista écrit en 2003 par Amélie Nothomb traite de la difficulté pour les adolescentes de trouver un équilibre entre conformisme et revendication de sa propre personnalité en opposant deux adolescentes chacune caractérisée par l'une de ces extrêmes. C'est un plongeon très habile dans la psychologie adolescente, montrant à la fois le mal-être qu'engendre le fait de se sentir différente des autres pour une adolescente et la valorisation qu'apporte l'effet de groupe. Une question se pose à la fin de l'oeuvre : Le conformisme ne pousse-t-il pas finalement à mentir et se renier soi-même ?